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Par cet article, je tiens tout d'abord à remercier chaudement l'accueil que m'a réservé toute l'équipe du service de neurologie de l'hôpital Calmette à Phnom Penh. J'ai énormément appris au cours de ce mois de stage. Sans rentrer dans les détails, j'aimerais revenir sur certains points qui méritent, je pense, qu'on s'y attarde.

 

 

Tout d'abord, j'aimerais rappeler le problème du coût de la santé au Cambodge. Il n'existe pas de protection sociale et chaque examen, nuitée d'hospitalisation et traitement doit être prescrit en regard aux capacités financières du patient et de sa famille. Travail ingrat pour les équipes soignantes qui, en plus de leur activité de soins, sont obligées de parler "fric". Bien que cela soit devenu naturel, c'est tout de suite plus choquant lorsque qu'on discute du prix à payer pour la vie d'un jeune homme de 29 ans... Un point positif toutefois, c'est l'existence pour les plus démunis d'un service où les soins sont gratuits, bien que très limités (impossible d'envisager dans ce service la réalisation d'un scanner ou bien l'utilisation d'un traitement onéreux).

Deuxièmement, j'ai été frappée par l'incidence énorme d'AVC ischémiques lacunaires chez des patients jeunes souvent dès 45-50 ans. Encore une fois, je pense que les coupables sont l'hypertension artérielle et le diabète, largement sous-diagnostiqués et traités de manière erratiques. Par ailleurs, il n'existe pas de centre de réhabilitation et rééducation publique au Cambodge et le rôle revient souvent aux familles qui prennent en charge leurs parents à la sortie d'hospitalisation. Il en résulte de nombreuses complications secondaires notamment chez les personnes souffrant d'une perte d'autonomie.

J'aimerais aussi évoquer la place de la médecine traditionnelle dans la société cambodgienne, d'autant plus qu'elle se place souvent en concurrence (pour ne pas dire opposition) à la médecine "académique". Si de nombreuses techniques de médecines alternatives ont prouvé leur efficacité, il existe aussi au Cambodge de nombreux "charlatans" qui, sous couvert de trafic de médicaments, mélangent à leurs préparations soit disant "naturelles" des traitements actifs tels que des corticoïdes ou des antibiotiques. Beaucoup de cambodgiens prennent donc quotidiennement et à leur insu, des drogues actives potentiellement toxiques au long terme. Un exemple parmi d'autres : l'insuffisance surrénale aiguë due à un sevrage brutal en corticoïdes est très fréquente à l'hôpital, si bien qu'un dépistage systématique par dosage du cortisol plasmatique à 8h a été mis en place.

Enfin, j'ai eu l'occasion d'assister à la prise en charge de nombreuses méningites et méningoencéphalites virales, parasitaires, tuberculeuses (pays tropical oblige).

 

De mon côté, j'espère avoir apporté un peu de réflexion aux équipes, notamment concernant l'utilisation casi-systématique des voies veineuses périphériques (responsables d'infections systémiques), et des antibiotiques à spectre large (responsables de développement de résistances bactériennes).

Voilà qui résume en quelques mots un mois très riche qui pourrait nourrir un rapport de plusieurs pages. Je tiens encore une fois à remercier l'accueil chaleureux et les efforts de l'équipe qui m'ont permis de m'intégrer malgré la barrière de la langue.

 

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